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Jeanne Barret botaniste et voyageuse.
Jeanne Barret est une exploratrice et botaniste française. Elle est née en juillet 1740 à La Comelle en Saône et Loire et est morte en août 1807 à Saint-Aulaye en Dordogne.
Elle est notamment connue pour être la première femme au monde à avoir accompli le tour du monde en participant à la fameuse expédition de Bougainville de 1766 à 1769.
En partenariat avec les Universités Rurales du Brionnais, nous vous convions à notre première manifestation le 07 MARS 2020 - Marcigny - Voir le programme de la "Journée des Femmes" ici
Thème de l'Université Rurale
Etre femme en milieu rural et imaginer le voyage de Jeanne Barret serait ce possible aujourd’hui ?
Intervenants : Myrima Degroote - Clémentine Frenea / Voyageuses
Qu'est-ce qu'une Université rurale?
Ce type de rencontre se déroule de la manière suivante. des intervenants sont invités par rapport à leur connaissance/implication vis à vis du thème proposé. Après une brève présentation du sujet, des intervenants, des tables rondes permettent aux participants de préparer des questions qu'ils souhaitent soumettre aux intervenants. Un échange s'installe ensuite à partir de ces questions.
Jeanne Barret - Sa vie
On ne connaît que très peu de choses sur son enfance et sa jeunesse, sinon qu'elle était fille de modestes métayers analphabètes. Elle commence à travailler jeune, à Toulon-sur-Arroux, en tant qu'aide de maison et gouvernante. Sa signature sur des documents juridiques ultérieurs témoigne qu’elle-même n’était pas analphabète, mais on ignore comment elle a reçu son éducation.
C'est en 1764 qu'elle entre au service de Philibert Commerson, botaniste et médecin installé à Toulon-sur-Arroux. Sa femme étant morte peu de temps après avoir donné naissance à leur fils, Jeanne prend en charge la gestion du ménage. Elle apporte également son aide pour consigner, ranger et répertorier des documents liés à la botanique.
Elle s’impose peu à peu auprès du savant comme un bras droit ordonné et méthodique. Sa curiosité lui confère un sens de l’initiative et de l’action qui vont lui servir toute sa vie. Leurs liens se resserrent, mais rien n’est officialisé. En 1764, Philibert nommé « médecin et botaniste du Roi » l’entraîne à Paris. Elle y accouche d'un fils qui, confié à l’Assistance Publique mourra quelques mois plus tard. Philibert avait quant à lui laissé son fils légitime aux soins de son beau-frère à Toulon-sur-Arroux. Il ne le reverra jamais.
Quelques temps plus tard, Philibert est invité à rejoindre une expédition sous le commandement de Louis-Antoine de Bougainville pour ce qui sera le premier tour du monde organisé par la Marine Royale. Le 1er février 1767, au port de Rochefort, Philibert et Jeanne ne se résignant pas à se séparer, embarquent à bord de l’Étoile, l’un des deux navires de l’expédition, bravant l’interdiction royale pour une femme de faire partie de l’équipage d’un navire. Avec la complicité de Philibert, Jeanne va donc se travestir. Elle se coupe les cheveux, porte des vêtements amples, se bande la poitrine et prend le nom de « Jean Baré ».
Dès le début du voyage, Philibert souffre gravement du mal de mer et d’un ulcère récurrent à la jambe. Jeanne passe probablement la majeure partie de son temps à s’occuper de lui. Une fois arrivés à Montevideo, ils partent en expédition vers les plaines et les montagnes environnantes. La jambe de Philibert le gênant toujours, c'est Jeanne qui semble avoir fait une bonne partie du travail, transportant des fournitures et des spécimens de plantes. À Rio de Janeiro, Philibert est officiellement confiné au navire jusqu’à ce que sa jambe soit guérie. C’est dans cet endroit du monde que Jeanne et lui recueillent des spécimens d'une liane fleurie qu'ils baptisent « Bougainvillea».
L’occasion suivante d'herboriser se présente en Patagonie tandis que les navires de l’expédition attendent des vents favorables pour traverser le détroit de Magellan. Ayant accompagné Philibert dans les excursions les plus gênantes en terrains accidentés, Jeanne acquiert une réputation de courage et de force. Toujours entravé par sa blessure à la jambe, Philibert a fait référence à Jeanne, dans ces expéditions, comme sa « bête de fardeau ». En plus du travail manuel qu’elle a effectué dans la collecte des plantes, des pierres et des coquillages, Jeanne a également aidé Philibert à organiser et à cataloguer ses spécimens et ses notes dans les semaines qui ont suivi, alors que les navires entraient dans le Pacifique.
Les récits de l’expédition diffèrent quant à la découverte du sexe de Jeanne Barret. Selon Bougainville, les rumeurs selon lesquelles elle était une femme circulaient depuis un certain temps, mais la supercherie n’a finalement été confirmée qu’à l’arrivée de l’expédition à Tahiti en avril 1768.
A la suite de la traversée du Pacifique, l’expédition était désespérément dépourvue de vivres. Après un bref arrêt de ravitaillement dans les Indes orientales néerlandaises, les navires ont fait un arrêt plus long à l’Isle de France, dans l’océan Indien, qui était alors un important comptoir français. Philibert Commerson, découvre que son vieil ami le botaniste Pierre Poivre est gouverneur de l’île. Bougainville les invite à y séjourner comme invités du gouverneur Poivre. Il est probable que Bougainville ait activement encouragé cet arrangement qui lui permettait de se débarrasser du problème d’une femme illégalement embarquée à bord de son expédition.
À Port-Louis, Jeanne poursuit son rôle d’assistante et de gouvernante de Philibert qui continue à avoir de graves problèmes de santé. Il meurt le 13 mars 1773. Son protecteur, le gouverneur Poivre ayant été rappelé à Paris, les ressources financières de Jeanne s’amenuisent. Elle se trouve rapidement sans moyen de retourner en France pour jouir des biens que lui avait laissé Philibert Commerson dans son testament.
Désormais seule et sans ressources, Jeanne ouvre un cabaret à Port-Louis, rencontre puis épouse un officier de marine français originaire du Périgord, Jean Dubernat. Le couple rentre en France en 1775, bouclant ainsi le tour du monde de Jeanne Barret. Elle en rapporte les récoltes botaniques de Philibert Commerson destinées au Jardin du roi, soit trente caisses contenant quelque 5 000 espèces, dont 3 000 sont décrites comme nouvelles.
Elle finit par recevoir sa part de l’héritage de Philibert Commerson. Le 13 novembre 1785, elle est reçue par Louis XVI qui reconnait ses mérites et son travail d’assistante. Il la félicite pour sa conduite héroïque et la complimente chaleureusement en la qualifiant de « femme extraordinaire ». Il lui fait verser une pension de 200 livres. La nouvelle héroïne partage alors le reste de sa vie entre sa Bourgogne natale et le Périgord. À sa mort en 1807, elle est enterrée au cimetière du petit village natal de son époux à Saint-Aulaye en Dordogne.
Le courage et l'intelligence de Jeanne Barret, femme extraordinaire à plus d'un titre suscite l’admiration. Issue d'un milieu rural modeste elle a bravé tous les interdits de son époque pour vivre une incroyable aventure humaine, amoureuse et scientifique.
Elle reste pour nous la première bourguignonne à avoir fait le tour complet du globe terrestre, en ayant parcouru plus de quinze mille lieues.
Références :
- "La clandestine du voyage de Bougainville " de Michèle KAHN - Ed. Le Passage 2014
- "Jeanne Barret - Première femme ayant accompli, au XVIIIe siècle, le tour du monde déguisée en homme" de Monique PARISEAU - Ed. Marcel Broquet 2010
- "Philibert Commerson, le découvreur du bougainvillier" de Jeannine MONNIER, Anne LAVONDES, Jean-Claude JOLINON et Pierre ELOUARD - Ed. Saint Guignefort Association 1997
- Articles Wikipédia sur : Jeanne Barré / Philibert Commerson / Louis-Antoine de Bougainville.